En République démocratique du Congo, la corruption a atteint un niveau inquiétant jusqu’au sommet des Institutions.
Le processus en cours avec les élections au suffrage indirect « Sénateurs, Gouverneurs et vices gouverneurs » est entaché d’une corruption sans précédent exigée par les Députés provinciaux, grands électeurs. Il faut dépenser entre 15 à 50 milles USD pour se faire élire. Une situation, qui contraste avec le sens même d’une élection démocratique. La situation est similaire pour les candidats gouverneurs et vice-gouverneurs.
Plus globalement, la corruption a pour notre communauté un coût politique, juridique, économique, social, sécuritaire et moral.
Le coût politique de la corruption se traduit par l’incapacité de l’Etat de fonctionner selon les normes républicaines d’égalité de droits et du respect de l’intérêt général au seul profit de décideurs à chaque échelon. Le rôle régulateur de l’administration publique s’est dilué en un rôle d’atomisation de l’intérêt général au bénéfice de fonctionnaires et autres intervenants bénéficiaires de l’acte de corruption.
Le coût juridique se manifeste par une notion seulement théorique de la protection du citoyen qui se caractérise par :« la quasi-impossibilité pour un citoyen ordinaire d’obtenir justice et par des services judiciaires qui ont perdu la notion d’être au service du citoyen ;la transformation de la police en une véritable institution judiciaire au point que les parquets et les tribunaux ne sont connus de la population que d’une manière aléatoire et une magistrature avec un pouvoir judiciaire Constitutionnelle sur papier ».
Ainsi, l’impunité est devenue une caractéristique dominante du système judiciaire congolais et a pour conséquence notamment la délinquance de l’Etat et la création d’une caste d’intouchable.
Le coût économique de la corruption se manifeste par les pertes colossales de recettes de l’Etat, ainsi que par les abus dans l’affectation des ressources, dans la fourniture des biens collectifs et dans la soumission et passation de marchés publics, avec comme conséquence directe la faible capacité de l’Etat à opérer des redistributions et d’autres interventions pour l’intérêt général. Les expériences tirées d’autres pays avancés dans la lutte contre la corruption indiquent que plus qu’une simple question de moralité et d’équité, les actes de corruption sont contre-productifs socialement et économiquement, parce qu’ils font plus de victimes que de gagnants dans la société. Et qu’ils n’augmentent pas les gains collectifs, mais les réduisent parfois à des proportions asphyxiantes.
Le coût social de la corruption s’exprime par la dégradation des infrastructures sociales, par d’énormes écarts de vie dans la société, par la généralisation des pratiques d’enrichissement sans cause, ainsi que par l’accroissement des catégories sociales défavorisées, marginalisées ou en voie d’exclusion totale. Les coûts sociaux des actes de corruption sont extrêmement élevés par la forte propension de prestations fictives et improductives dans la société. En voulant gagner plus en faisant moins d’efforts, c’est la productivité sociale globale qui diminue.
Le coût sécuritaire de la corruption a été considérable avec près de quatre millions de morts, une armée et une police complètement désorganisées avec plusieurs centres de commandements, des hommes incapables d’assurer la sécurité de la population civile, survivant en rançonnant la propre population. L’armée et les forces de l’ordre sont devenues une des sources principales d’insécurité et d’instabilité dans le pays à cause de la corruption
Le coût moral se manifeste par une « inversion » ou une « dégénérescence » des valeurs morales qui déplacent les frontières de la honte chaque jour d’avantage. Cette corruption morale dévastatrice sévit dans un contexte où : « les actes considérés comme immoraux des autorités font l’objet d’une grande admiration de la part de la population ;le public ne croit pas à l’efficacité des promesses et décisions des politiques ;l’image des fonctionnaires congolais correspond à celle d’un homme ne disposant pas de moyens financiers suffisants pour prendre en charge sa famille et • l’image de l’Etat congolais correspond à celle d’un Etat ne disposant pas de moyens financiers suffisants pour prendre en charge le destin de la collectivité ».
En conséquence, la grande résistance à la lutte contre la corruption pourrait venir avant tout des agents et fonctionnaires de l’Etat ainsi que des magistrats, des agents de la police et de l’armée pour qu’une situation d’exception est la norme.
Dans le cas présente de la corruption électorale, ces pratiques vont d’abord conduire à un anéantissement du système démocratique en RDC, affaiblir le contrôle parlementaire, porter un frein au développement économique, saper la légitimité du Gouvernement et réduire la confiance du peuple. Elle pourrait ensuite conduire à une instabilité politique et l’absence de cohésion sociale en RDC.
Pourtant, un Parlement est une institution fondamentale d'un pays, car il est l'expression essentielle de la volonté du peuple et a donc comme responsabilité première de lutter contre la corruption sous toutes ses formes, en particulier dans la vie publique mais de plus en plus aussi dans l'économie tout entière. Les Parlements doivent s'atteler à cette tâche dans l'intérêt de la moralité générale de la société, mais aussi de son progrès économique durable, pour lequel l'honnêteté et la confiance sont vitales.
Il est important que les députés provinciaux prennent conscience des méfaits de la corruption dans la société pour faire aboutir les actions du contrôle. Pour cela, les instruments de contrôle parlementaire, doivent être utilisés sans complaisance chaque fois qu’un cas de corruption est révélé à un parlementaire.
Selon un magistrat, il existe un arsenal juridique aussi en droit positif congolais, notamment l’Articles 147 à 150d du Code pénal livre Il tels que modifiés et complétés par les articles 1 à 5 de la loi n° 05-006 du 29 mars 2005 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais) et droit International, on note différentes conventions. Cet arsenal juridique est suffisant. Ce n'est pas l'abondance qui fait l'efficacité. Il suffit tout simplement de permettre une application stricte des textes en vigueur pour arriver à des résultats efficients, a-t-il ajouté.
La lutte contre la corruption figure parmi les chantiers du Président de la République. Sa prévention permet d’assurer une prévisibilité accrue dans la société notamment en protégeant les droits de propriété et, en général, les droits fondamentaux de l'homme auxquels la corruption porte fréquemment atteinte.
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