En République Démocratique du Congo, un procès historique s’ouvre le 11 mai 2020
. Vital Kamerhe, Directeur de cabinet du président de la République et l’homme d’affaire le libanais seront devant la justice, dans une affaire de détournement présumé de 50,9 millions USD, affectés à la construction de 4500 maisons préfabriquées, dans le cadre du programme des 100 jours, initiés par le président de la république.
Le Ministère public accuse vital Kamerhe et son co-accusé d’avoir, à Kinshasa capitale de la République Démocratique du Congo, sans préjudice de date précise, mais entre les mois de mars 2019 et janvier 2020, période non encore couverte par le délais légal de prescription de l’action publique, comme co-auteur par coopération directe, étant personnel politique de la présidence de la république, détourné la somme de 48 831 148 USD, qui étaient remis à la société SAMIBO SARL, pour achat et érection de 1500 maisons préfabriquées dans le cadre du projet des logement sociaux aux profits de Cinq provinces, en l’occurrence celle de Kinshasa, du Kongo Central, du Kasaï Central, du Kasaï Oriental et du Sud-Kivu, inscrit au programme de 100 jours initié par le président de la république;
Avoir, étant co-auteurs par coopération directe, détourné la somme la somme de 2 137 500 USD, qui était remise à la société Husmal Sarl pour l’achat et l’érection de 3.000 maisons préfabriqués pour les policiers et militaires de la ville de Kinshasa, dans le cadre du programme de 100 jours;
Avoir, dans les mêmes circonstance de lieu et de temps accepté indirectement par l’intermédiaire de madame Soraya Mpiana, qui est sa belle-fille, l’achat à son profit de la concession mesurant 70,00 mètres sur 100 mètres, située sur la baie de Ngaliema, au quartier Basoko, dans la commune de Ngaliema, à Kinshasa, afin d’abuser de son influence réel en tant que Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat et superviseur du programme de 100 jours, pour faire gagner à monsieur SAMIH Jammal, sous le nom de ses société Samibo Sarl et Husmal Sarl, les marchés publics de l’achat et de l’érection de 1500 et 3000 maisons préfabriqués.
Comment sommes-nous arrivés là ?
Le 08 janvier 2020, au terme de six (6) mois d’enquête, analyse de plusieurs documents, l’Observatoire de la Dépense Publique a rendu public son rapport, intitulé « Faiblesse de la transparence et de la Redevabilité, irrégularité des procédures, indiscipline budgétaire dominent ». Ce travail de contrôle citoyen a mis en lumière le scandale financier de l’année 2019 et la gestion non transparente du programme des 100 jours, au mépris de la constitution et des textes régissant les finances publiques en République Démocratique du Congo.
Quelques jours après la publication, le rapport du contrôle citoyen de l’ODEP a été accueilli par les décideurs comme un travail destiné à nuire à une personne ou un groupe des décideurs. Nous avons été qualifié « des menteurs, des bricoleurs…», suivi des menaces verbales à travers les médias nationaux et internationaux. Cependant, ce même rapport a été accueilli favorablement par la population méprisée et délaissée dans la pauvreté absolue depuis six décennies. Du coup, nous avons assisté à un contrôle populaire, de la gestion des travaux de saut-de-mouton. Des demandes de redevabilité venant de partout, même du parti présidentiel (UDPS). Suite aux soupçons persistant de détournement des fonds décaissés par le trésor public et dénoncé par l’ODEP, le mouvement démocratique de contestation a pris l’allure d’un contrôle citoyen généralisé à toutes les couches de la société congolaise, accompagné par les élus nationaux. Dans cet élan de solidarité et face à la pression populaire, la justice a été obligée d’intervenir.
Eu égard aux conclusions de notre rapport, depuis le début de l’enquête, tous les gestionnaires du programme des 100 jours ont été auditionné par le parquet. Des arrestations ont également eu lieu. Certains dirigeants ont été même reconnus coupables et sont tenus de rembourser les fonds détournés, en cas de non réalisation des projets. Nous saluons le travail remarquable de la justice congolaise, qui a capitalisé nos recommandations. Cela prouve à suffisance que la justice a largement exploité ce travail de contrôle citoyen.
Le dernier développement de l’enquête sur le programme des 100 jours, depuis le 8 avril 2020, démontre que la RDC a fait un grand pas vers la bonne direction. Ce travail du contrôle citoyen, abouti à ces jours à un procès, que nous pouvons qualifier d’historique, là où le contrôle institutionnel a failli, a été muselé.
Ce travail a réveillé et redynamisé l’ensemble du mouvement démocratique torpillé et anéanti par le holdup électoral de décembre 2018.
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