En ce moment particulier où notre pays est en guerre contre le Covid-19 et où va s’ouvrir le 11 mai prochain
le procès historique de votre Directeur de Cabinet impliqué dans un dossier à la fois très sale et grave de corruption et de détournements des deniers publics, nous nous permettons de vous rappeler votre discours d’investiture, ainsi que celui de décembre 2019, dans lesquels vous n’avez cessé de déclarer votre volonté de lutter contre la corruption et vous avez raison.
Le phénomène de la corruption en RDC est systémique, intensif et généralisé. La corruption embrasse toute la vie nationale tant au niveau de l’État, de la société que des individus.
La République démocratique du Congo (RDC) se classe à la 171ème place sur 183 pays classés dans l’Indice de perception de la corruption (IPC) publié le 23 janvier par Transparency international, avec 18 %. Par rapport au classement de 2018, le pays a perdu 10 places consécutives, étant donné que la RDC s’était classée 161ème sur 180 pays côtés. En d’autres termes, la corruption a pris des proportions importantes en une année, la première de votre gouvernance avec votre allié et Directeur de Cabinet.
Les coûts de la corruption sont énormes Monsieur le Président :
a) Le coût politique de la corruption se traduit par la faible capacité de l’État de fonctionner selon les normes républicaines d’égalité des droits et du respect de l’intérêt général au profit de décideurs à chaque échelon.
b) Le coût juridique se manifeste par une notion seulement théorique de la protection du citoyen. L’impunité est devenue une caractéristique dominante du système judiciaire congolais.
c) Le coût économique de la corruption se manifeste par les pertes colossales des recettes de l’État, ainsi que par les abus dans l’affectation des ressources, dans la fourniture des biens collectifs et dans la soumission et passation des marchés publics, avec comme conséquence directe la faible capacité de l’État à opérer des redistributions et d’autres interventions pour l’intérêt général.
d) Le coût social de la corruption s’exprime par la dégradation des infrastructures sociales, par d’énormes écarts de vie dans la société congolaise, par la génération des pratiques d’enrichissement sans cause, ainsi que par l’accroissement des catégories sociales défavorisées, marginalisées ou totalement exclues.
e) Le coût moral se manifeste par une dégénérescence des valeurs morales
f) Le coût sécuritaire de la corruption est considérable avec l’armée et la police qui a généré des hommes incapables d’assurer la sécurité de la population civile qui survit, pour certains d’entre eux, en rançonnant leur propre population.
A ces énormes coûts de la corruption qui nous accompagnent depuis six décennies vont s’ajouter les coûts écrasants provoqués par la pandémie du Covid-19. L’addition sera difficile à supporter par notre peuple. La crise sociale qui est déjà là va s’amplifier et vous êtes celui qui en paiera le prix politique le plus fort. Voilà pourquoi nous demandons votre ferme et sincère engagement contre la corruption. Le combat victorieux contre la corruption est la bataille déterminante qui précède la grande victoire dans la guerre contre le Covid-19 et pour la reconstruction nationale.
Parmi les gestes symboliques forts que nous vous exhortons à faire dans l’immédiat pour montrer votre détermination dans la lutte contre la corruption, c’est de demander à votre Directeur de cabinet de démissionner où alors de le révoquer vous-même.
Monsieur le Président, votre Directeur de Cabinet a été inculpé et mis en prison depuis trois semaines. En le laissant en poste quel message voulez-vous donner à notre système judiciaire, à la société civile et à tout le peuple congolais si ce n’est celui de solidarité avec lui et donc de complicité de malversations, de corruption, d’enrichissement illicite voir même délit d’initié (article 165 alinéa 2 de la constitution).
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