Du 20 au 21 février 2019, les Organisations de la Société Civile travaillant respectivement dans la Gouvernance économique et électorale,
notamment Agir pour les Élections Transparentes et Apaisées (AETA), l’Observatoire de la dépense Publique (ODEP) et le Réseau éducation Civique au Congo (RECIC) se sont réunies à Kinshasa pour analyser l’évolution du processus électoral principalement concernant les élections des Sénateurs, Gouverneurs et Vice-Gouverneurs par la CENI, des membres du bureau des Assemblées Provinciales, de l’Assemblée Nationale et du Sénat.
Les Organisations de la Société Civile ci-haut citées, notent avec satisfaction l’engagement effectif du Gouvernement et de la CENI dans le parachèvement du processus électoral, afin de doter la RDC des nouvelles Institutions devant enclencher l’amorce des actions de développement endogène susceptible d’améliorer le contexte social et économique du pays.
Des faits qui ne trompent pas
Cependant, la synergie AETA-ODEP-RECIC est inquiète des rapports provenant de ses Moniteurs déployés dans différentes provinces faisant état d’une corruption généralisée caractérisant l’obtention du siège à chacun des postes éligibles susmentionnés. Il s’observe la vente aux enchères des mandats des sénateurs, gouverneurs et vice-gouverneur. Ceci est un véritable marchandage des voix qui fait des élections une entreprise mercantile au travers de la consécration et la bénédiction de la culture de la Corruption non sans impact sur la démocratie et la gouvernance du pays.
A titre illustratif, dans la ville-province de Kinshasa, des promesses qui consisteraient à accorder des voix aux candidats sénateurs en contrepartie d’une jeep ou d’un chèque de 25.000 USD tandis que pour le poste de Gouverneur la voix se négocie à 50.000 USD par député provinciale ; dans la province de Kwango, le poste du Gouverneur se négocie entre 15.000 et 20 000 USD à chaque député électeur. La même situation a été enregistrée dans les Provinces du Maniema et Sud-Kivu ; la corruption politique sous forme de terreur forçant le retrait de certains candidats Gouverneurs au profit d’une candidature de la même famille politique décidée par la seule volonté du Chef de file ; l’invalidation sans motif justifié et fondé par la CENI de certaines candidatures au nom d’une application sélective des dispositions légales. Le cas le plus éloquent est celui de la province de Maniema et du Sud Kivu où une seule candidature de la famille politique PPRD a été retenue au détriment de toutes les autres. A Kindu, cette situation a été à la base d’une manifestation violente de la population en date du 20 février 2019 causant mort d’homme ; les candidats corrupteurs vont plus loin en exigeant aux députés électeurs de prendre la photo de leur bulletin après le vote comme preuve de certification du respect de l’engagement pris.
La crédibilité des élections mis à mal
Ce qui entache gravement le secret de vote, viole la liberté et le droit de vote ainsi que dé-crédibilise le scrutin. Bien au-delà, la pratique de la corruption dans ces scrutins indirects n’est rien d’autre que le monnayage du mandat du peuple qui traduirait l’abus de confiance et la rupture du mandat.
La synergie constate avec amertume que les caciques de l’ancienne mandature dont le bilan est largement négatif veulent revenir à tout prix et en utilisant, de ce fait, l’argent détourné du trésor public, dans les institutions législatives et exécutives quand on sait que ces derniers ont fait preuve d’une gestion calamiteuse. A titre d’exemple, la ville de Kinshasa où l’insalubrité est devenue la coutume et une bombe permanente qui décime à coup sûr et par millier la vie des kinois. Aucune des provinces de la RD Congo n’a échappé au principe et à la logique de la gabegie et de la thésaurisation au cours des dernières mandatures dont ils sont coupables.
Face à cette situation de corruption devenue endémique, certains candidats ont été contraints au désistement non sans enfreindre à leur droit d’éligibilité: Cas des candidats sénateurs Adam BOMBOLE, de VIDIYE TSHIMANGA dans la ville province de Kinshasa et du Prof LUZOLO BAMBI dans la province du Kongo Central.
La démocratie à l’épreuve
La synergie AETA-ODEP-RECIC constate encore que la cooptation de certains chefs coutumiers n’a pas respecté les procédures prévues par la loi. Ce qui a entrainé mort d’homme dans la province de la TSHOPO ainsi que des conflits et/ou des déchirements dans certaines communautés. Il est important de noter que, vu en profondeur, ces faits présageraient des intentions de corruption non négligeables imputables à leurs auteurs.
La synergie AETA-ODEP-RECIC reconnait, par ailleurs, que dans l’ancienne mandature, la chambre haute du Parlement a fait preuve de modèle de démocratie et de la gouvernance des institutions en prenant en compte les vraies préoccupations de la population. Dès lors, la constitution d’une nouvelle chambre sur fond de corruption ferait perdre à cette institution les valeurs démocratiques qu’elle regorge, l’efficacité et la crédibilité qui l’ont caractérisée, à cet effet.
La montée inquiétante de la corruption électorale a déjà suscité la dénonciation de la part de plusieurs organisations de la société civile et mouvements citoyens, notamment LUCHA, ACAJ, ECC, etc. à travers ce communiqué de presse, la synergie se joint à leur voix pour mettre en garde les députés provinciaux et leur dire STOP : LA RDC N’EST PAS UN BIEN PRIVE A MARCHANDER.
La corruption électorale est un virus qui tue la démocratie et génère la pauvreté. Il est important que les institutions de la République se mobilisent en urgence pour l’éradiquer.
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